Le Docteur Jean-Baptiste Bertrand, (né à Martigues en 1670, mort à Marseille en 1752) m'a inauguré, en 1726, lors de la création de l'Académie. Je m'en souviens très bien : notre protecteur, le Maréchal de Villars représentait le Roi Louis XV. Ce fut solennel et merveilleux : enfin Marseille bénéficiait d'une petite sœur de l'Institut de France ! Il donnait ses soins avec dévouement et, pendant l'épidémie de peste, vit mourir sa femme et ses deux filles, avant d'être lui-même atteint par la maladie. Il résista et rédigea pendant sa convalescence deux ouvrages sur cette épidémie.
Il semble avoir pressenti, 100 ans avant Pasteur, 150 ans avant Yersin, l'origine microbienne de la peste. Il écrit un livre « Relation historique de la peste » ; dans cet ouvrage, il se montre un véritable précurseur des idées microbiennes : « La différence qu'il y a entre nos insectes domestiques et ceux de la peste, c'est que ces derniers sont invisibles et si petits qu'ils éludent la vivacité des yeux les plus pénétrants ».
Le docteur Bertrand appartenait à ce qu'on a appelé l'école contagionniste, alors que ses adversaires affirmaient que la maladie qui avait décimé Marseille n'était nullement épidémique. Il fut Chancelier en 1752, Directeur en 1746.
[extrait de la Généalogie du fauteuil n° 5 par M. Jean-Raoul Montiès]